Retour vers le 20e siècle de 1925 à 1950
COMPTE-RENDU
établi par M. Pierlot, Premier
Ministre, de l'entrevue du Roi avec les ministres
au château de Wynendaele le 25 mai 1940
Avant la fin de la nuit, M. Pierlot demanda de nouveau la
communication téléphonique avec le Roi.
Le major Van den Heuvel répondit que le Souverain était parti
dans la direction du sud, sans donner d'indications concernant
l'heure de son retour mais en emportant quelques vivres, ce qui
faisait présumer que son absence serait d'assez longue durée.
A son retour, le Roi irait vraisemblablement au grand quartier
général, à moins qu'il ne rentrât à sa nouvelle résidence.
Au sujet de l'emplacement de celle-ci, le major van den Heuvel
répondit à M. Pierlot en termes évasifs, déclarant qu'il ne
savait pas s'il était autorisé à faire connaître l'endroit
où logeait le Roi.
Les recherches dans l'indicateur téléphonique permirent toutefois, grâce au numéro de poste, d'identifier cette résidence comme devant, suivant toute vraisemblance, être le château de Wynendaele, au nord-ouest de Thourout.
En présence de cette situation, les ministres quittèrent Bruges, avec leurs collaborateurs et le personnel qui les accompagnait, dans l'intention d'avoir une dernière entrevue avec le Roi et d'arrêter ensuite une décision au sujet de leur départ.
Il était alors 4 heures du matin. Dans la direction du front
un silence complet régnait.
Entre Bruges et Thourout, le corps de cavalerie, pourtant déjà
si éprouvé. se formait en ordre de marche, dans une tenue et
dans un ordre admirables.
Arrivés à Wynendaele, laissant sur la route la petite colonne de leurs voitures, les ministres pénétrèrent seuls dans l'enceinte du château, où ils furent reçus par le major Van den Heuvel.
Le Roi venait de rentrer et se reposait de sa nuit de fatigue.
Les ministres annoncèrent l'intention d'attendre son réveil,
mais après quelques hésitations, le major Van den Heuvel
prévint le Souverain, qui parut aussitôt.
Le Premier Ministre déclara:
"Nous avons fait connaître au Roi, à plusieurs reprises
déjà, notre conviction suivant laquelle, si l'armée belge
était en entier, ou en partie, exposée à la nécessité
imminente de mettre bas les armes, le Roi devrait tout faire pour
se soustraire à la capture par l'ennemi.
Nous en avons dit au Roi les raisons.
La capitulation, qui, si grave que soit l'événement, n'est
pourtant qu'un acte militaire, prendrait nécessairement un
caractère politique, si le Roi la signait ou s'il était à la
tête de l'armée au moment où elle aurait lieu.
D'autre part, si l'armée devait se rendre, le rôle du Roi
serait terminé auprès d'elle, tandis que sa fonction de Chef
d'Etat pourrait continuer à s'exercer aux côtés des
gouvernements alliés, tant sur le plan politique que sur le plan
militaire, en utilisant tout le potentiel de guerre belge qui se
trouve rassemblé en France.
C'est là qu'est le devoir du Roi.
Le gouvernement unanime en a la ferme conviction.
Enfin, on ne pourrait envisager, sans les plus graves
appréhensions, le retour du Roi en Belgique sous l'autorité de
l'occupant, surtout pour continuer à y exercer sous son
contrôle, certaines des attributions de la fonction royale, ce
que l'on ne manquerait pas de soutenir, si même le Roi décidait
de s'en abstenir.
"Quant aux ministres, leur présence auprès du Roi, au
moment d'une capitulation éventuelle, ne pourrait que contribuer
davantage à donner à l'événement l'aspect politique que nous
voulons éviter à tout prix.
Si l'armée belge est amenée à se rendre, la place des quatre
ministres restés jusqu'à présent en Belgique n'est plus sur le
théâtre des opérations, mais là où leur fonction pourra
continuer à s'exercer: auprès de leurs collègues et des
gouvernements alliés.
"Tout cela étant une dernière fois considéré et vu le
tour décisif pris par les événements, il est indispensable,
continua M. Pierlot, d'organiser immédiatement le départ de mes
collègues et de leurs collaborateurs, au total un groupe d'une
vingtaine de personnes, dont le voyage jusqu'au littoral et
l'embarquement pourraient devenir rapidement impossibles.
C'est pourquoi, sauf objection formelle du Roi, trois ministres
et leur personnel partiront aujourd'hui pour Dunkerque, où des
embarcations les attendent.
"Quant au chef du gouvernement, suivant la suggestion
qu'a déjà faite le Roi au cours d'un précédent entretien, il
restera jusqu'au moment que le Roi fixera pour son propre
départ.
Ce moment, le Roi le choisira de manière à concilier les
devoirs qu'il estimera encore avoir à remplir auprès des
troupes avec ses obligations de Chef de l'Etat.
Si le Roi en décide ainsi, son départ n'aura lieu que lorsque
toute résistance aura cessé.
Mais le Premier Ministre se permet de demander que le Roi
déclare avoir la ferme intention de partir plutôt que de se
laisser faire prisonnier.
Faute de cette assurance, conclut M. Pierlot, je partirais avec
mes collègues, pour les raisons que je viens de rappeler".
Après un moment de silence, le Roi répondit avec un visible effort:
"Je suis décidé de rester.
Au-dessus des considérations les plus solides au point de vue
logique ou politique, il y a des raisons de sentiment sur
lesquelles on ne peut passer.
Quitter mon armée serait une désertion.
Je dois, quel qu'il soit, partager le sort de mes troupes.
Au surplus, pour préciser davantage ma pensée et indiquer dans
quelles dispositions d'esprit j'ai arrêté cette ligne de
conduite, je vais vous lire ce que j'ai l'intention d'écrire au
Roi d'Angleterre."
Le Roi donna lecture d'une lettre dans laquelle il exposait au souverain britannique les motifs de sa conduite et dans laquelle il ajoutait que, quoi qu'il advînt, il ne consentirait jamais à rien faire qui fût contraire aux intérêts de la cause des Alliés.
Commentant ce dernier passage de la lettre, le Roi ajouta que, dans sa pensée, il y visait spécialement le cas où le pouvoir occupant prétendrait faire servir l'activité industrielle belge à des fabrications de guerre. "Si j'étais -dit-il encore -acculé par contrainte à semblable nécessité, je déciderais plutôt de me retirer". Et sur une question des ministres, le Roi précisa que ce terme signifiait bien, dans sa pensée, une abdication.
Cet entretien, comme celui de la veille, avait eu lieu debout. Sur les derniers mots qui viennent d'être résumés, le Roi annonça, par son attitude, l'intention de ne pas le poursuivre plus longtemps.
Mais M. Spaak, intervenant: "Sire, dit-il, "il est impossible que le Roi se sépare ainsi du gouvernement. Nous demandons à causer une dernière fois avec le Roi, à lui dire toute notre pensée; après, le Roi fera ce qu'il voudra. Mais il ne peut nous refuser ce dernier entretien. Ne pourrions-nous nous asseoir et poursuivre cet échange de vues dans des conditions qui nous permettent de nous expliquer complètement".
Ces paroles furent prononcées avec un mélange de respect et, si l'on peut dire, de cordialité attristée. On y sentait le désir passionné de ne pas rompre les fils, si ténus qu'ils fussent devenus, qui rattachaient encore les ministres au Chef de l'Etat.
Le Roi s'assit avec quelque hésitation, et, d'un signe, autorisa les ministres à en faire autant.
M. Spaak reprit alors l'entretien.
"Le Roi, déclara-t-il, va, de l'avis unanime du
gouvernement, faire une erreur capitale. En tombant au pouvoir de
l'ennemi, il sépare sa cause de celle des Alliés.
Il renonce à poursuivre la lutte auprès d'eux, contrairement
aux obligations morales qu'il a contractées en appelant les
Alliés à son secours. Si grave que soit l'éventualité d'une
capitulation de l'armée, il serait plus grave encore que, le Roi
tombé aux mains de l'ennemi, le fait politique de l'existence
nationale s'en trouve compromis.
En France, le Roi trouvera des troupes qu'il pourra réorganiser.
Il continuera la lutte, non seulement avec les moyens militaires,
mais avec les moyens tirés de l'activité économiques du pays
qui est encore grande à l'étranger, avec les ressources de la
colonie. Il fera ce qu'ont fait le roi de Norvège et la reine de
Hollande.
Il restera solidaire d'une cause à laquelle le sort de notre
pays est lié.
"Si le Roi reste, que veut-il faire!
Le Roi, contrairement à l'expression dont il s'est servi, ne
partagera pas, quoi qu'il arrive, le sort, de ses troupes. Il
aura pour résidence non une forteresse en Allemagne, mais son
palais.
Tout ce qu'il tentera de faire le compromettra et compromettra la
cause de notre indépendance, parce que le Roi agira sous le
contrôle de l'ennemi.
Il en résultera un trouble profond dans les consciences. Je
voudrais que le Roi nous dise quelle idée il se fait du rôle
auquel il a déjà fait allusion à plusieurs reprises et qu'il
continuera à jouer en Belgique".
A cette dernière question, le Roi répondit:
"Je ne sais pas. J'ignore ce qu'il me sera possible de faire. Mais j'espère pouvoir continuer à entretenir dans le pays un minimum de vie économique, faciliter ainsi son ravitaillement, épargner à mes compatriotes les pires souffrances, telles que les déportations.
"Si je ne reste pas en Belgique, j'ai la conviction que
je n'y rentrerai jamais.
La cause des Alliés est perdue.
A bref délai, dans quelques jours peut-être, la France devra à
son tour renoncer à la lutte, car la disproportion des forces ne
lui permet pas d'espoir de succès.
Sans doute, l'Angleterre continuera-t-elle la guerre, non sur le
continent, mais sur les mers et dans les colonies.
Cette guerre pourra être longue. Elle sera étrangère aux
possibilités d'intervention de la Belgique et, par conséquent,
le rôle de celle-ci est terminé. Pendant une période qui
pourra durer de longues années, la Belgique jouira peut-être
d'une indépendance réduite, mais qui permettra encore une
certaine vie nationale, en attendant, s'il arrive, le jour où,
par suite de vicissitudes imprévisibles, les circonstances
redeviendront plus favorables pour notre pays.
Il n'y a plus place, dans tout cela, pour un essai de continuation de la guerre auprès des Alliés,
"La décision que je prends m'est affreusement pénible. J'aurais la vie, certes, plus facile si je me retirais en France, si j'allais y vivre avec mes enfants, en attendant la fin de la tourmente; mais je crois que lorsque deux routes s'ouvrent devant nous, celle du devoir est toujours la plus dure. C'est celle-là que j'ai choisie".
A toute évidence, le parti du Roi était pris. Rien ne pouvait plus le détourner de sa détermination.
Les ministres lui demandèrent alors: "Dans la pensée du Roi, que devons-nous faire?" La réponse fut: "D'homme à homme, je vous le dis nettement, suivez votre inspiration, et si vous estimez que vous devez partir, je ne m'y oppose pas,"
M. Spaak reprit: "Nous ne pouvons nous contenter de cette
réponse du Roi.
Nous demandons des instructions, mais auparavant, nous devons en
savoir davantage sur la conception que le Roi se fait sur le
rôle qu'il sera appelé à jouer encore en Belgique.
Le Roi aura-t-il auprès de lui, à Bruxelles, un
gouvernement?".
Avant de répondre, le Souverain réfléchit et son attitude
donna l'impression qu'il ne s'était jamais posé cette question.
Il répondit pourtant: "Evidemment, car je ne veux être un
dictateur",
"Ce gouvernement", reprit M. Spaak, "ne peut, dans la pensée du Roi, être le gouvernement actuel?"
Réponse: "Non, sans doute, il paraît certain que l'occupant n'y consentirait pas".
M, Pierlot ajouta: "Le Roi sait que nous non plus nous
n'y consentirions pas, Certes, nous sommes troublés à la
pensée de quitter le Roi dans des circonstances aussi tragiques.
Pour ma part, si j'étais célibataire, peut-être me
laisserais-je dominer par ce sentiment et consentirais-je à
rester, par attachement à la personne du Roi. Mais je ne veux
pas laisser à mes enfants un nom auquel certains souvenirs
resteraient fixés.
"Mais -reprit M. Pierlot -si le Roi constitue à
Bruxelles un gouvernement, quelle sera la position du
gouvernement actuel, non seulement des ministres ici présents,
mais de ceux qui sont en France?
Dans la pensée du Roi, doivent-ils démissionner?'
Le Roi répondit: "Cela me semble, en effet, dans la logique de la situation".
Poursuivant la série de ces questions, M. Spaak dit encore:
"II faut prévoir la réaction qui se produira parmi les Belges se trouvant en pays libre et l'éventualité où, soit le gouvernement actuel, soit un autre qui viendrait à se constituer à sa place, déciderait de poursuivre la guerre aux côtés des Alliés; tandis que, si je comprends bien, le Roi aurait fait la paix ou considérerait en tout cas que les hostilités ont cessé entre la Belgique et l'Allemagne, je suis persuadé, -ajouta M. Spaak -, que cette éventualité est à prévoir et que c'est là, effectivement, ce qui arrivera",
Si c'est le gouvernement actuel qui prend l'attitude indiquée par M. Spaak et qui poursuit la guerre en France, ce gouvernement", demanda encore M. Pierlot, "sera-t-il toujours le gouvernement du Roi.
Le Roi répondit: "Non, ce gouvernement sera
nécessairement contre moi".
Ces réponses furent données avec netteté, mais chaque fois
après un moment de réflexion qui semblait indiquer que les
diverses éventualités soulevées par les ministres n'avaient
pas encore été envisagées par le Roi ou, du moins, n'avaient
pas fait l'objet d'un examen complet de Sa part.
Au cours du même entretien, les ministres, péniblement impressionnés par la perspective de quitter le Roi dans de pareilles circonstances, se demandèrent à certain moment s'ils ne resteraient pas auprès du Souverain, quitte à se dépouiller de toute qualité officielle en donnant leur démission.
Le Roi parut appuyer cette manière de voir: "II y
aurait, dit-il, intérêt à avoir en Belgique le plus de
personnes possible ayant une autorité morale qu'elles pourraient
employer à maintenir la cohésion et l'unité dans le pays.
D'autre part, même si les ministres sont démissionnaires et ne
peuvent, par conséquent, participer au gouvernement, ils
pourront continuer à m'apporter un concours sous forme d'avis ou
de conseils que je serais amené à leur demander".
Mais les ministres ne furent pas longs à constater l'impossibilité morale de cette situation hybride. .
"Notre place, déclarèrent-ils, ne sera plus auprès du
Roi, car même démissionnaires, notre présence contribuerait,
comme nous l'avons déjà souligné, à donner aux événements
le caractère politique que nous voulons éviter ou que, du
moins, nous ne voulons pas qu'ils aient par notre fait.
Notre place est auprès de nos collègues, avec qui nous aurons
à nous concerter, une fois le gouvernement constitué au
complet."
Les ministres revinrent sur une considération qu'ils avaient déjà fait valoir au cours d'une précédente entrevue.
"Quelles que soient, dirent-ils, les intentions du Roi,
la conduite qu'il compte adopter sera interprétée, en Belgique
et à l'étranger, spécialement dans les pays alliés, comme une
trahison de la cause à laquelle le Roi et la Belgique se
trouvent moralement liés depuis qu'ils ont fait appel à la
garantie de la France et de la Grande-Bretagne.
Loin d'être un point de ralliement, le Roi sera parmi ses
compatriotes un signe de contradiction. L'institution monarchique
qui a été le symbole et le moyen le plus efficace de notre
unité nationale s'en trouvera compromise, sans doute
irrémédiablement.
"Enfin, lorsque ces nouvelles seront connues en France, où il y a deux millions de Belges réfugiés, quelles vont être les réactions de la population à l'égard de nos compatriotes?"
Quant à ce dernier point, le Roi répondit: "Il y a en Belgique six millions d'autres Belges; ce ne sont pas ceux qui sont partis qui sont les plus intéressants, mais bien ceux qui sont restés."
Les quatre ministres présents prirent personnellement part à ces échanges de vues, de telle sorte qu'il s'en dégageait une impression d'unanimité complète entre eux.
Mais toutes ces instances devaient rester vaines.
Avant que l'audience prît fin, M. Pierlot aborda un dernier sujet de préoccupation,
"Aux termes et d'après l'esprit de la Constitution,
dit-il, les ministres répondent de tous les actes du Roi, soit
qu'ils en aient formellement assumé la responsabilité par un
contre-seing, soit qu'il s'agisse d'actes publics faits par le
Chef de l'Etat dans l'exercice de sa fonction.
Depuis la fondation de l'Etat belge dans sa forme actuelle, tous
les gouvernements ont considéré que leur devoir essentiel
était de couvrir la Couronne. Nous n'avons jamais failli à
cette obligation.
Dans le cas présent, nous sommes forcés de dire que notre
attitude devra être différente.
Le Roi a adopté une ligne de conduite contraire à l'avis
unanime du gouvernement; celui-ci n'a cessé de faire les plus
expresses réserves; il serait trop injuste de faire peser sur
nous une responsabilité dont nous ne devons porter aucune part.
Il s'agit d'un problème d'une gravité extrême, dont dépend
l'existence de nos institutions et celle du pays.
Nous estimons que la manière d'agir du Roi compromet tout.
Nous l'avons dit, nous ne voulons pas aux yeux de l'histoire,
passer pour être la cause de la catastrophe qui s'annonce.
Nous serons donc forcés, si le Roi persiste dans ses intentions,
non seulement de renoncer à le couvrir, mais de nous
désolidariser publiquement d'avec lui.
Nous savons que pareil fait est le contraire d'une pratique
constitutionnelle normale.
Il est sans précédent et rompt les traditions de notre droit
public. Mais nous ne, prévoyons pas comme possible d'autre
attitude que celle que je viens d'annoncer."
Le Roi répondit:
"Je comprends votre situation. Vous avez une conviction. Je sais qu'elle est sincère. Vous ferez ce qu'elle vous dictera."
La fin de l'audience approchait.
Le Roi se leva.
Avant de le quitter, le Premier Ministre lui posa encore une
question.
Faisant allusion à un mot dit par le Roi au cours de l'entretien
et dont le sens n'avait pas paru clair aux ministres, M. Pierlot
demanda ce que le Roi avait voulu dire en annonçant quelques
instants auparavant, qu'il prolongerait la résistance tant
qu'elle serait possible et qu'il y aurait le moindre espoir
qu'elle fût encore utile.
"Le Roi", précisa M. Pierlot, "considère-t-il qu'en dehors d'un événement complètement imprévisible qui viendrait modifier la situation, la capitulation de l'armée peut encore être évitée ou, au contraire, est-elle certaine?"
La réponse fut: "Elle n'est pas certaine, elle est
inévitable".
"Combien de temps", reprit le Premier Ministre,
"pourrait-elle encore être retardée ?"
Réponse: "Tout au plus vingt-quatre heures".
Le Roi sortit, après avoir pris congé de ses ministres en leur serrant la main comme d'habitude, mais avec une nuance marquée de trouble et de froideur.
L'inévitable était accompli.
Les ministres quittèrent le château de Wynendaele à 6 heures,
sous l'impression profonde que leur avait laissée cette scène
dramatique.