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dernière mise à jour:15/05/08

“Le Prisonnier de Laeken
Le Roi Léopold
Ceci est le titre d’un ouvrage du professeur Emile Cammaerts publié en juin 1941 à Londres, chez Shenval Press. (Titre original: “The Prisoner at Laeken, King Leopold, Legend and facts »).

La préface est de la plume de Sir Roger Keyes, amiral de la Flotte Britannique.

Il était l’officier supérieur nommé, dès l’invasion allemande, par le premier ministre britannique Winston Churchill, en qualité d’officier spécial de liaison auprès du roi Léopold jusqu’à la veille de la capitulation.
Son récit est un témoignage des événements du 10 au 27 mai 1940. Il constitue un criant contraste avec les accusations mensongères et les déclarations des dirigeants belges, britanniques et français d’alors et de ceux qui persistent à diffuser les incriminations diffamatoires de Paul Reynaud et de Winston Churchill.

 

Ce témoignage ne pourrait être mis en doute

PREFACE
Le flot d’injures acerbes à l’adresse du roi Léopold, après la capitulation de l’armée belge en mai 1940, était de toute évidence inspiré par certains Français qui cherchèrent un bouc émissaire afin de dissimuler leurs propres échecs et lacunes.

Il est difficile de rétablir et de faire admettre, la vérité lorsqu’un mensonge est répandu. Sur le moment, beaucoup ont cru en ces calomnies, cependant quelque peu tombées dans l’oubli, estompées à la lumière de la vérité.

Ici et là, ressurgissent encore de malhonnêtes et impitoyables déclarations.

Monsieur Cammaerts doit être félicité pour son résumé en ces pages, une somme de pièces à convictions, étaiement de la vérité qui, sans aucun doute, devraient réhabiliter son Roi.

Tandis que je me trouvais au côté du roi Léopold, au quartier général de son armée pendant la courte campagne de Belgique en même temps qu’en contact étroit avec le Q.G. de l’armée et le gouvernement britanniques, je disposais d’occasions, sans pareilles pour observer les événements.

Je me réjouis de l’opportunité qui m’est donnée pour déclarer que le roi Léopold était resté loyal envers les Alliés et qu’il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour aider leurs armées.

Je rencontrai le roi Léopold pour la première fois en 1918 lorsque ses parents, le roi Albert et la reine Elisabeth, résidaient à La Panne, à portée de l’ennemi, sous couverture des canons de la patrouille de Douvres qui se trouvait sous mon commandement. Le roi Léopold était alors aux études et il passait ses vacances comme soldat au 9e d’Infanterie, souvent actif dans les tranchées du front belge.

Quelques heures après l’agression allemande du 10 mai 1940 contre la Belgique, j’ai pris l’avion, dépêché – par le gouvernement britannique – auprès du roi Léopold en qualité d’officier spécial de liaison.

Je suis resté auprès de lui jusqu’à 22 heures, le soir du 27 mai. L’attitude du roi était calme et courageuse pendant les pénibles contretemps, dûs à la trahison de l’Allemagne et la défaillance des Français qui ne purent interdire aux blindés allemands la traversée de la Meuse à Sedan par laquelle le flanc droit des armées alliées française, britannique et belge fut menacé dans le nord.

Le roi Léopold et son armée s’étaient placés sous le Haut Commandement français conformément aux ordres qu’il recevait et en concordance avec les déplacements de l’armée française du Nord et de l’armée britannique.

L’armée belge se trouva, dans l’obligation, jour après jour, de se retirer jusqu’à l’Escaut où l’on espérait qu’une position définitive serait maintenue.

Le Haut Quartier Général était établi à Saint-André lez Bruges et je résidais avec le roi Léopold à Loppem et plus tard à Wijnendale.

Le 20 mai, le Haut Commandement français ordonna que les armées française et britannique devaient se préparer à une attaque en direction du sud-ouest afin de rétablir le contact avec le gros de l’armée française dans le sud.

Je me trouvais au G.Q.G. britannique à Wahagnies lorsque ces ordres parvinrent et il était généralement reconnu que l’armée belge allait être abandonnée, à moins qu’elle ne put s’adapter à cette évolution.

A mon retour au G.Q.G. belge, je fis rapport au roi Léopold des instructions que Lord Gort avait reçues et précisai que mon gouvernement espérait que l’armée belge s’adapterait et garderait le contact avec le flanc gauche de l’armée britannique.

Le Roi des belges me demanda d’informer le gouvernement britannique ainsi que Lord Gort que le rôle de l’armée belge était exclusivement défensif et qu’elle ne disposait ni de chars d’assaut, ni d’avions ni de matériel approprié à une opération offensive.

D’autre part, à cause de l’afflux de réfugiés sur son dernier lambeau de territoire (belge), il ne disposait plus de ravitaillement au-delà d’une quinzaine de jours. Il n’avait pas le sentiment qu’il avait quelque droit de s’attendre à ce que, peut-être, le gouvernement britannique compromettait la survie de sa propre armée, pour que le contact avec l’armée belge soit maintenu.

Il me pria de considérer, de manière claire et nette, qu’il n’entreprendrait rien, par quelqu’action que ce soit, qui aurait pu compromettre l’organisation d’une offensive vers le sud projetée par le gouvernement britannique.

Cependant, il me demanda de dire qu’il était bien conscient que pareille opération entraînerait la séparation des deux armées et que la capitulation de l’armée belge, en ce cas, deviendrait inévitable.

J’envoyai, en ce sens, un télégramme au premier ministre (Winston Churchill) ainsi qu’à Lord Gort à qui j’en remis personnellement une copie le lendemain.

Le 21 mai, j’étais à Ypres à l’occasion d’une rencontre avec le général Weygand, le nouveau généralissime des armées alliées.

Le général Weygand confirma les ordres qu’il avait donnés le 20 mai aux armées française et Britannique et il invita le roi Léopold à se replier de l’Escaut à la Lys afin de permettre à l’armée britannique de prendre position à l’arrière de la solide position-de-défense-de-la-frontière qu’ils avaient mise en place durant l’hiver dernier et réoccupée en préparation de leur attaque vers le sud, de concert avec l’armée française.

En rentrant à Bruges, le Roi me dit qu’il avait accepté de replier la ligne de la Lys jusqu’à la frontière, libérant ainsi des divisions britanniques en vue de l’offensive projetée par le général Weygand, quoique, de ce fait, toute l’armée belge devait s’étirer le long d’un front de 90 Km en face duquel un certain nombre de divisions allemandes avaient été identifiées. Cependant, il se rendait compte que l’offensive franco-britannique projetée avait été différée trop longtemps ; en ce moment tardif, le seul espoir de dégager les armées française et britannique, coupées par l’offensive allemande, était de couvrir les ports belges et Dunkerque, en renforçant le contact avec l’armée belge et en occupant la ligne Lys-Gravelines.                                                                                                                                             
Il fit remarquer que : « la ligne bien préparée le long de la frontière, qui doit être tenue par les troupes britanniques dans le flanc des Belges, était très forte. Il est donc improbable qu’elle sera attaquée sérieusement. Mais la ligne qui doit être occupée par les troupes belges est faible et sera tenue par des troupes comparativement peu nombreuses : elle constituera une tentation à l’attaque allemande. Je crains que si le secteur belge subit un assaut sérieux, fortement soutenu par l’aviation, les Allemands le perceront, sépareront les armées britannique et belge et écraseront cette dernière. »

Le Roi me demanda de dire à mon gouvernement qu’il se rendait compte qu’on n’appréciait pas pleinement la difficulté qu’avait l’armée belge de garder le contact avec l’armée britannique si celle-ci opérait en direction du sud. Par-dessus tout, il (Léopold) désirerait coopérer avec nous, mais c’était une impossibilité physique dans les conditions géographiques existantes. Son gouvernement l’avait pressé de quitter la Belgique avant que l’armée belge ne se trouvât dans la nécessité de capituler. Naturellement, il n’avait pas l’intention de déserter son armée. Tant que le gouvernement britannique comprenait ses raisons, il ne se souciait pas de ce que d’autres pourraient penser. J’envoyai immédiatement un télégramme en ce sens (vers Londres).

Tard, ce même soir, nous apprenions que le général Billotte (français), commandant en chef des Armées alliées du Nord, avait été mortellement blessé dans un accident de la route. La coordination des efforts des trois armées n’avait pas été très effective sous son commandement; sous celui de son successeur, elle était inexistante.

Les difficultés rencontrées pour la réorganisation des divisions britanniques en vue de l’offensive projetée, par des routes encombrées de véhicules et de réfugiés, n’avaient de toute évidence pas été prises en considération par le Haut Commandement français et, avant que l’attaque ne put être organisée, les communications entre l’armée britannique et les ports de la Manche avaient été coupées.

Je visitai notre G.Q.G. qui s’était replié jusqu’à Premesques où Lord Gort m’apprit que notre armée avait déjà été placée au régime de la demi-ration et qu’il y avait pénurie de munitions, soit, pas de conditions favorables pour une armée appelée à passer à l’offensive en collaboration avec les unités de l’armée française qui paraissait tout à fait démoralisée par les défaites subies.

Au soir du 23 mai, avec pas mal d’hésitations ou d’appréhensions, le roi Léopold fit retraiter ses troupes – ainsi que cela lui avait été demandé – de sa solide position sur l’Escaut vers une bien plus faible derrière la Lys. Simultanément, il envoya la 60e division française, l’une des deux divisions françaises qui étaient stationnées en réserve sur le flanc gauche belge et sous ses ordres, à l’aide de cars et de camions belges, derrière l’Yser, en direction de Gravelines. Les seules unités alliées restées en Belgique étaient celles de la 6àe division française.

Le 24 mai, le général Weygand déclara aux commandants de l’armée britannique et de l’armée française du Nord que la progression de l’armée française se déroulait prestement et il leur donna l’ordre d’exécuter une puissante attaque en direction du sud afin de combler la brèche derrière les divisions blindées allemandes qui avaient progressé jusqu’à la mer.

A ce moment, l’armée belge subissait un feu nourri et pour le G.Q.G. belge, il était évident qu’ils étaient confrontés à une attaque de huit ou de neuf divisions allemandes qui avaient pour but de pousser l’armée belge vers le Nord et de briser son contact avec l’armée britannique qui se trouvait, à présent derrière sa ligne fortifiée d’hiver sur la frontière.

Il apparaissait clairement que le Haut Commandement français ne se rendait pas compte des dangers et des difficultés de la situation ; suite à une demande pressante, arriva, dans la soirée du 24, le général britannique Dill. Après une nuit passée à la Mission britannique, il visita, le lendemain matin, le grand quartier de Lord Gort à Premesques.

A son retour à Bruges, il informa le roi Léopold de ce que l’attaque en direction du sud ordonnée par Weygand, allait être exécutée.

Le roi Léopold montra, au général Dill, sur la carte, le point faible du flanc droit belge, la vulnérabilité de la ligne de défense belge en général, l’impossibilité de la tenir et, en même temps, de maintenir le contact avec l’armée britannique, à moins que celle-ci ne pût fournir une aide puissante. Le général Dill promit de demander à Lord Gort de faire ce qui était possible pour contribuer au maintien du contact.

Comme l’armée britannique s’apprêtait à attaquer vers le sud, le Roi estima que la meilleure façon de l’aider consistait  maintenir le contact  aussi longtemps que possible avec le flanc gauche britannique. Il avait déjà retiré sa division de cavalerie motorisée du flanc gauche belge le long de la côte, afin de renforcer le flanc droit belge. A présent il ordonna à la 15e D.I. (infanterie non pourvue d’artillerie ni de mitrailleuses) de quitter l’Yser pour renforcer ce flanc. Ceci épuiserait toutes ses réserves.

J’appris, par la suite, que la 15e division britannique avait reçu l’ordre de se déplacer en direction du nord pour occuper la ligne d’Halluin à Zillebeke en appui de 12e Lanciers en soutien des flancs alliés. Ce qui contribua à couvrir le flanc gauche britannique, mais n’allégea point la situation de l’armée belge qui, par une ultime tentative du Roi d’aider le Corps expéditionnaire britannique, fut étirée de Halluin à la mer, sur un front de 90 Km de long, menacé en divers points, d’attaques allemandes. Par crainte d’une percée allemande, qui semblait inévitable, les Belges avaient rassemblé et disposé du matériel roulant le long de la voie ferrée entre Roulers et Ypres, côté sud, afin d’établir un barrage dans le but de ralentir la progression vers le nord des blindés ennemis.

Le 26 mai, au matin, j’appris l’existence d’âpres combats en direction d’Ypres et la menace d’une percée dans la défense belge.

Je me rendis au G.Q.G. de Premesques pour demander à Lord Gort s’il y avait quelque chose par laquelle je pouvais offrir de l’aide. Il me demanda de presser le Roi de replier l’armée belge vers l’Yser. Je transmis ce message au Roi. Il me dit qu’il ferait ce qu’il pouvait dans ce sens, mais que l’unique moyen d’éviter un désastre imminent et complet consistait dans une contre-attaque immédiate entre la Lys et l’Escaut. Je télégraphiai ceci à Lord Gort et appris que, depuis les premières heures du jour, la Mission britannique avait, du G.Q.G. belge, envoyé des appels analogiques par télégramme et estafette.

Le problème d’un retrait de l’armée belge jusqu’à l’Yser, au cas où cela s’imposerait par un dégagement de la Lys, avait été envisagé pendant la conférence d’Ypres le 21 mai; à ce moment-là, le roi Léopold pensait qu’il pouvait s’agir là de la seule ligne de défense alternative, mais la récente pression allemande dont la poussée  principale s’exerçait sur les Belges avait, selon ses craintes, rendu impossible un retrait sur l’Yser. Plus tard, dans le courant de la journée du 26 mai, le roi m’avait dit qu’il avait discuté la question de la retraite sur l’Yser avec son état-major général.

Celui-ci la considérait comme une impossibilité physique, vu la pression qu’exerçait l’ennemi. Une retraite exécutée le long des routes encombrées de réfugiés et non protégée adéquatement par une défense aérienne entraînerait de lourdes pertes et ne pourrait aboutir qu’à un désastre ; de plus, cela impliquerait l’abandon de toutes les munitions, de tout le matériel et de toute la nourriture.

D’autre part, le G.Q.G. belge déclarait que, si l’on voulait éviter un désastre, une contre-attaque britannique devait être lancée dans le flanc vulnérable de l’ennemi et que l’occasion d’exécuter cette contre-attaque ne durerait peut-être plus que quelques heures.

Ils insistèrent sur le fait que l’armée britannique, en position sur l’excellente ligne de défense entre Halluin et Bourghelles, était bien placée pour porter une attaque sur le flanc de l’ennemi afin d’atteindre ses moyens de communication et ses têtes de pont sur l’Escaut et la Lys avec toutes les perspectives de lui infliger une défaite considérable tout en diminuant la pression sur l’armée belge.

Un officier appartenant à le Mission britannique fut envoyé ce soir-là au G.Q.G. (de Lord Gort)  afin d’exposer les vues belges.

Le roi Léopold qui, quant à lui, ne disposait pas de réserves, fit transférer la 60e division française à bord de véhicules belges, sur des positions préparées derrière l’Yser, où  une vaste zone avait été inondée et où les ponts avaient été minés.

(N.b. Cet ordre fut suivi d’exécution le lendemain, en accord avec des entretiens avec le général Champon, Chef de la Mission française. Si cette division était déplacée, les belges ne pouvaient pas être tenus responsables de ce changement. Le général Champon avait installé son Haut Commandement à la Panne et était le seul commandant des unités françaises restées en Belgique.)

Le Roi me fit observer que, si l’armée britannique avait entamé les préparatifs pour une attaque vers le sud-ouest  - ainsi qu’on l’en avait informé -  il serait difficile de passer à une contre-attaque en direction de l’est et, à temps pour empêcher que le flanc droit belge soit enfoncé et sa ligne défensive écrasée.

Mais l’armée britannique ne se trouvait pas dans une situation plus avantageuse pour exécuter la contre-attaque réclamée par le G.Q.G. belge que l’armée belge pour se dégager et se retirer sur l’Yser, ainsi que le demandait Lord Gort.

Quoique l e roi Léopold l’ignorât, et que jamais un message à cet effet ne lui parvînt, Lord Gort avait déjà reçu des instructions de battre en retraite vers la côte et faisait ses préparatifs en conséquence.

Entre-temps, les combats avaient continué de manière ininterrompue durant quatre jours et l’armée belge, malgré des restrictions en nourriture et en munitions, avait résisté à une violente attaque de huit divisions allemandes comprenant de nombreuses unités blindées soutenues par des vagues de bombardiers en piqué.

Combattant avec une bravoure exceptionnelle, les Belges avaient exécuté plusieurs contre-attaques, faisant quelques milliers de morts dans les rangs allemands et fait quelques centaines de prisonniers ; mais la fin de leur résistance était proche.

Le matin du 27 mai, le roi Léopold me demanda de dire à Lord Gort qu’il craignait, que bientôt, il ne pourrait plus compter sur ses troupes pour poursuivre la lutte ni continuer d’être utile à l’armée britannique. Il allait être obligé de se rendre avant que ne se produise la débâcle. Il appréciait pleinement que l’armée britannique ait fait tout ce qui était dans son pouvoir pour aider la Belgique ; il demandait à Lord Gort de croire qu’il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter une catastrophe. Comme toutes les communications téléphoniques avaient été coupées, j’envoyai ce message par radio à Lord Gort, mais j’appris plus tard qu’il ne l’avait jamais reçu.

A ce moment-là, le roi Léopold espérait encore être en mesure de résister un jour de plus.
Mais, dans l’après-midi, l’armée allemande avait enfoncé un coin entre les armées belge et britannique et percé le front en deux ou trois endroits.
Chaque route, village ou ville situé sur la petite partie de Belgique restant aux mains des Belges était submergé de plusieurs centaines de milliers de réfugiés qui, ajoutés aux troupes, étaient impitoyablement bombardés par des avions volant à basse altitude.

Sachant qu’il ne pouvait rien faire de plus pour aider les alliés, le Roi me déclara, ainsi qu’aux Missions britannique et française près de son G.Q.G., qu’il avait l’intention de demander un armistice à minuit afin d’éviter que son peuple, grièvement éprouvé, ne soit massacré davantage.

La Mission britannique informa le ministère de la guerre par télégraphie-radio et le message fut reçu à 17h54. Mais tous les efforts pour toucher le G.Q.G. britannique échouèrent.

(N.B. Le général français Champon déclara qu’il était dans l’impossibilité de communiquer avec le général Blanchard dont le Grand quartier avait été déplacé mais, qu’il avait réussi à contacter le général Weygand par radio)

Son gouvernement et le notre avaient demandé au roi Léopold de quitter son pays et de poursuivre la guerre du dehors. L me répondit qu’en tant que commandant en chef de son armée, qui livrait une bataille désespérée, il avait à partager le sort de ses troupes. Sa mère, la reine Elisabeth, demeurait tous ces derniers jours avec lui et choisit de partager sa captivité. Le Roi me déclara qu’il réalisait combien sa position serait difficile mais qu’il voulait user de tous les moyens pour empêcher que ses concitoyens ne fussent obligés de s’associer à une action dirigée contre les pays qui avaient essayé d’aider la Belgique dans son malheur.

Comme le Roi et la Reine refusaient de m’accompagner en Angleterre et que l’ennemi approchait de Bruges, je me séparai de leurs majestés le 27 mai à 22h.00 et partis pour Nieuport où, le 28 mai juste avant l’aube, j’embarquai à bord d’un torpilleur.

L’on sait que le roi Léopold ne conclut pas de paix séparée et qu’il est prisonnier de guerre.

Pour une seconde fois, l’adversité à écrasé son pays, mais les Belges peuvent être fiers de leur Roi car il a prouvé qu’il était un soldat courageux, un allié loyal et le digne fils de ses magnifiques parents

SIR ROGER KEYES
Tingewick House 
Buckingham 
May 1941

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